Les conférences organisées par la SAHIV en 2021
12 janvier, 14h30 : visioconférence
Vincent JOUVE, Vitré, maisons 27 & 29, rue du Bourg aux Moines. Redécouverte et sauvetage d'une maison à galerie
Les deux maisons sises aux n°27 & 29 rue du Bourg aux Moines à Vitré sont incluses dans l'ancien bourg Sainte-Croix, l'un des bourgs primitifs de Vitré. Il s'agit de deux maisons à pan de bois dont les parties les plus anciennes datent du début du 15e siècle et qui ont été transformées de façon importante au 16e et au 19e siècle, puis modernisées au 20e siècle. Chacune des maisons est édifiée sur une parcelle en lanière, étroite et profonde, caractéristique du tissu médiéval (parcelles n°281 & 282, d'une contenance respective de 109 et de 91 m2). Les maisons sont implantées à l'alignement sur rue au nord et en mitoyenneté, dégageant deux courettes étroites au sud, en fond de parcelles. En mitoyenneté est et ouest, elles ne s'adossent à aucune construction ; leurs murs mitoyens sont donc entièrement visibles et accessibles par les parcelles voisines. La maison du n°27, de simple épaisseur, compte deux étages carrés et un comble ; sa façade est à gouttereau sur rue. La maison du n°29 est de triple épaisseur : elle compte deux étages carrés et un comble à pignon sur rue et sur la courette au sud. On distingue deux niveaux de faitages distincts correspondant aux différentes étapes de construction. Celle-ci possède en son centre une grande salle à double hauteur, escalier et galerie, qui pourrait s'apparenter aux salles des maisons à pondalez, largement étudiées en Bretagne par Daniel Leloup, avec cependant une typologie légèrement différente. L'hypothèse émise est qu'il s'agit ici d'une maison de marchand de toiles, dont le type n'avait pas été identifié jusqu'à aujourd'hui. L' enjeu de la réhabilitation de cet ensemble est de transmettre ce bâti patrimonial aux générations futures, et, compte tenu de son état sanitaire très dégradé, de trouver un programme compatible avec ses qualités intrinsèques, enfin de redonner les conditions d'une habitabilité convenable, à la fois dans ses éléments de confort mais aussi d'agrément, car sans jardin actuellement.
26 février, 14h30 : visioconférence
Steven LEMAÎTRE, L’architecture des ordres religieux militaires en Bretagne
L’auteur, qui a soutenu une thèse sur l’architecture des ordres militaires en Bretagne, a dressé un inventaire très complet des différentes constructions subsistantes, églises, résidences, bâtiments agricoles en suivant leur évolution du Moyen Âge à l’époque moderne. Le résultat est beaucoup plus intéressant que prévu et montre une présence importante et diversifiée. Les restes de construction remontent plus aux Hospitaliers qu’aux Templiers, qui disparurent après la suppression ordonnée par le pape sous la pression du roi Philippe le Bel. Ils ont souvent souffert des aléas du temps mais l’ensemble des éléments réunis fournit un tableau très neuf de la puissance de ces ordres.
Chapelle reliquaire de La Vraie-Croix, Morbihan (XIIIe-XVIIe siècle)
Chapelle manoriale du Temple de la Coefferie à Messac (XIIIe-XIVe siècle)
Vue cavalière du manoir de la commanderie de Pont-Melvez, Côtes-d'Armor (XVIIIe siècle)
16 mars, 14h30 : visioconférence
Michel NASSIET, Anne de Bretagne, l'affrontement avec Rieux et Albret (1488-1489)
Cette conférence fait l’histoire de l’affrontement, de septembre 1488 à février 1489, qui est allé jusqu’à des violences symboliques, lors duquel Anne de Bretagne, âgée de onze ans, a réussi à repousser le prétendant au mariage que son tuteur voulait lui imposer. Ce faisant, elle a rompu avec le tuteur, montrant ainsi une volonté et une fermeté irrépressibles. Dès lors, c’est en étant émancipée de fait dès l’âge de douze ans qu’elle a régné sur une principauté de 1,25 million d’habitants. Cette histoire est fondée sur deux sources inédites, et construite au moyen d’une méthode, l’établissement d’une chronologie fine et de l’itinéraire des protagonistes.
Lentree de la royne a rouen (Pierre Le Verdier, L'entrée de Louis XII et de la reine Anne à Rouen [1508], Rouen, Société des bibliophiles normands, 1900)
13 avril, sortie foraine à Maxent : annulée (pour la deuxième fois) en raison du fichu virus...
André CORRE, Philippe GUIGON et Bernard LEPRÊTRE, Maxent, les origines et les sites médiévaux
20 avril, 14h30 : annulée en raison du fichu virus
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE
Kevin BOURNICHE, Les d'Espinose aux jardins
11 mai, 14h30 : téléconférence
Arthur MIGNON, Pierre Hévin, maire de Rennes au XVIIe siècle
Pierre Hévin (1623-1692) est-il une personnalité emblématique de Rennes oubliée ? C'est le constat que l'on peut faire malgré sa place importante dans l'histoire de la ville de Rennes à l'époque moderne. En effet, il fut son maire, et à l'origine de la seule dynastie municipale rennaise, avocat de renom au Parlement de Bretagne ou encore juriste reconnu de son siècle. Une partie de son héritage marque encore la ville à ce jour : l'hôtel du Molant au bas de la place des Lices, qu'il a construit, et le "Plan Hévin", qu'il a réalisé. En somme, Pierre Hévin est un "connu inconnu" : connu des curieux et érudits, il demeure toutefois inconnu d'une large partie du grand public malgré un héritage important. Cette conférence a pour but de faire découvrir l'homme aux multiples facettes et ses différentes œuvres.
M. Pierre Hévin, avocat au Parlement de Bretagne, Gilbert Fillœul sc. (sans date)
Plan de la vieille ville ou cité, ville neuve, et nouvelle ville de Rennes, capitale de Bretagne (dit "Plan Hévin" ; datation sujette à débats)
Hôtel du Molant (cl. Édouard Hue, 2012)
15 juin, 14h30 : visoconférence
Jean-Jacques MONNIER, Le Coglais, histoire et réveil d’un pays de Haute-Bretagne (de -4 000 à nos jours)
Parmi les pays traditionnels de Bretagne, l’un des moins connus est le Coglais, à quelques kilomètres à l’ouest de Fougères, en bordure du département de la Manche. De grands écrivains y sont venus (Chateaubriand, Balzac, Féval), y ont vécu (Guéhenno) et en ont parlé. Avant la réforme administrative de 2015, c’était un canton, celui de Saint-Brice-en-Coglès et de dix autres communes. Aujourd’hui, il est encore plus difficile à cerner, avec les fusions et les communautés de communes qui le concernent.
C’est l’histoire conjuguée à un milieu naturel très contraignant qui permettent d’en saisir l’originalité. Pour la comprendre, le temps long s’impose. Comme une bonne partie de la Bretagne, le Coglais a connu une forte crise de ses activités traditionnelles. Ce pays du granite et du lait a su réagir de façon collective, retrouver une dynamique spécifique et conserver assez largement son identité, en s’appuyant sur des traditions communautaires et de solidarité.
Ce sont ces 6 000 ans d’histoire que la conférence survolera, en bonne partie en images et en cartes. Pour beaucoup, ce sera une découverte, parce que lorsqu’un pays traditionnel ne comporte pas de grande ville, il est plus ou moins voué à l’anonymat voire à l’oubli.
mardi 21 septembre, 14h30 : archives départementales d'Ille-et-Vilaine
Philippe GUIGON et Didier JUGAN, Les peintures murales du château des Champs en Guipry
Le château des Champs, fortifié par une branche de la famille Bouëxic dans les années 1580, abrite en son premier étage un ensemble très exceptionnel de peintures murales pratiquement inconnues, narrant neuf épisodes de l’Ancien Testament noyés dans un environnement végétal exubérant. Tour à tour sont représentés le meurtre d’Abel, la rencontre de l'ange et de Saraï, le sacrifice d’Abraham, le combat de Jacob contre l’ange, la descente au puits de Joseph par ses frères, la récolte de la manne céleste, le sacrifice de Gédéon, l’alliance de Jonathan avec David, enfin l’onction de David par Samuel.
Ce cycle pictural s'inspire très largement des gravures illustrant la Bible dite « de Royaumont », œuvre inspirée du mouvement de Port-Royal (1re éd. 1670). Les décors accompagnant les scènes vétéro-testamentaires reprennent des éléments de la nature, tant flore que faune, fidèlement représentée, un combat naval, ainsi que quelques vues d'architectures plus ou moins réalistes ; l'une d'elle représente le château de Piré-sur-Seiche, propriété de Jean-Baptiste de Rosnyvinen, marquis de Piré (1681-1719), époux de Gabrielle Judith Picquet de La Motte (1682-1778). Cette pieuse dame influencée par le milieu janséniste, dite la « mère des pauvres » par le recteur de Lohéac, est la commanditaire d'une oeuvre exécutée vers 1750-1760 et dont l'auteur demeure pour l'instant inconnu. Plutôt que des allusions aux débuts de la carrière de l'illustre La Motte-Picquet (1720-1791), neveu de Gabriel Judith, nous l'interprétons comme un un remerciement adressé à Dieu pour avoir préservé la vie de son petit-fils, Pierre Marie de Rosnyvinen (1739-1802), marin qui eut également maille à partir avec les Anglais.
mercredi 6 octobre, 14h30 : archives départementales d'Ille-et-Vilaine
Yvan MALIGORNE, Les grands sanctuaires publics en Gaule occidentale : circulation des modèles architecturaux et processus d’intégration
Dans une Gaule de l'Ouest qu’évoquent rarement les sources littéraires et qui n’a livré que peu d’inscriptions, l’archéologie revêt une importance considérable pour l’étude du processus d’intégration à l’Empire et de ses manifestations. Parmi les vestiges récemment dégagés, ceux des grands sanctuaires, abritant le culte des divinités du panthéon civique, présentent un intérêt particulier : ils permettent de saisir l’évolution des pratiques rituelles et recourent à un langage architectural complexe et hiérarchisé, dont le cheminement peut parfois être suivi avec précision. On tient là les indices les plus solides de la pleine intégration de la Gaule de l’Ouest à l’Empire et de la maîtrise par les élites locales de formes nouvelles dont elles savent exploiter toutes les ressources.
La conférence évoquera les grands sanctuaires de Jublains, Allonnes, Corseul et Vannes, et ne négligera pas le remarquable dossier épigraphique rennais, consacré à Mars Mullo.
Corseul, restitution du sanctuaire du Haut-Bécherel (DAO Gaétan Le Cloirec)
Corseul, évocation volumétrique du sanctuaire du Haut-Bécherel (Enzo Mutarelli et Alain Provost)
lundi 8 novembre, 14h30 : archives départementales d'Ille-et-Vilaine
Martine FAUCONNIER-CHABALIER, Des mères singulières : les mères qui abandonnent leurs enfants aux XXe et XXIe siècles en Ille-et-Vilaine
En France, des centaines de milliers de mères ont abandonné leur enfant au cours du XXe siècle. Elles sont actuellement près de 700 chaque année, dont une dizaine en Ille-et-Vilaine. La vox populi les juge souvent comme des femmes de mauvaise vie. Cette conférence va à l’encontre de ces préjugés et présente qui elles sont réellement, à travers leur âge, leur situation matrimoniale et familiale, leur origine géographique, leur profession et leurs ressources. Elle permet aussi de mieux cerner les raisons qui conduisent ces mères à un abandon et les évolutions au fil des décennies. Il est également apporté un éclairage sur les demandes ultérieures de nouvelles et de reprise par ces mères, ainsi que sur les démarches de leurs enfants pour les retrouver.
Le bureau ouvert où ont lieu la plupart des séparations
Médaille et collier laissés par des mères
Nouvelles données aux mères
lundi 13 décembre, 14h30 : archives départementales d'Ille-et-Vilaine
Pierre POILPRÉ et Daniel PICHOT, Archéologie et histoire au village. Quelques cas hauts bretons marqués par les moines ligériens au Moyen Âge
Un corpus de cinq opérations d’archéologie préventive réalisées ces dernières années dans le quart nord-est du département d’Ille-et-Vilaine, toutes situées au cœur ou en contact d’habitats villageois actuels, a été réuni et permet aujourd’hui d’esquisser la formation du centre villageois et son évolution morphologique sur le temps long dans cette région. La particularité de ce corpus est que les cinq villages concernés par les opérations (Chasné-sur-Illet, Ercé-près-Liffré, Livré-sur-Changeon, Tremblay et Bréal-sous-Vitré) ont tous vu au Moyen Âge central leur encadrement religieux confié à des abbayes de la vallée de la Loire. L’étude qui confronte données archéologiques, documents planimétriques et textes anciens, révèle l’empreinte plus ou moins forte de ces établissements sur la forme de l’habitat. Elle est considérable lorsque les moines sont implantés physiquement dans le village mais elle est contrariée lorsque ceux-ci sont concurrencés par une seigneurie laïque.
Le village de Livré-sur-Changeon sur le cadastre napoléonien (DAO P. Poilpré)
Chasné-sur-Illet (cl. Gilles Leroux, 19 septembre 2012)