Les conférences organisées par la SAHIV en 2019
8 janvier 2019, 14h30 : musée des beaux-arts
Christian DAVY, De l’ornemental à la Passion du Christ : peintures de l’époque gothique à Saint-Pierre de Mont-Dol
L’église Saint-Pierre de Mont-Dol a été ornée à plusieurs reprises au cours du Moyen Âge. Les plus anciens décors retrouvés remontent au XIIIe siècle. Deux campagnes ornementales ont été menées au cours de ce siècle-ci. Plus tard, au XIVe siècle, l’édifice a été peint de nouveau. De ce dernier décor subsiste au bas de la nef un cycle historié consacré à la Passion du Christ, tandis qu’une vision infernale le complète quelques années plus tard. Si les peintures murales du XVe siècle sont documentées depuis le XIXe siècle grâce aux relevés commandés par la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine et actuellement conservés aux archives départementales, celles du XIIIe siècle ont été révélées par l’étude préliminaire à une restauration menée en 2017. La conférence se propose de présenter le passage d’un type de décoration ornemental qui donne des informations sur l’organisation liturgique de l’église au XIIIe siècle à un cycle dédié à la Passion du Christ augmenté d’une vision de l’Enfer. C’est également l’occasion de replacer des peintures murales de Mont-Dol dans le contexte artistique de l’Ouest de la France en montrant les similitudes et les originalités des images peintes à Mont-Dol par rapport à d’autres ensembles, tant bretons que français.
Eglise paroissiale Saint-Pierre du Mont-Dol (cl. Christian Davy)
5 février, 14h30 : musée des beaux-arts
Léandre MANDARD, Les militants du gallo. Défendre la langue populaire en Haute-Bretagne au XXe siècle
La défense du particularisme linguistique de la Haute-Bretagne n’est pas nouvelle. Pourtant, la généalogie du « mouvement gallo » actuel reste méconnue. Des premières initiatives littéraires du début du XXe siècle à la création de l’association des Compagnons de Merlin en 1939, puis des années creuses de l’après-guerre à l’essor d’un nouveau mouvement dans le sillon de 68, nombreux furent les personnages à œuvrer en faveur de ce qu’on a fini par appeler la langue gallèse. L’histoire de cette frange minoritaire et souvent marginalisée de l’Emsav éclaire d’un jour nouveau le combat politique et culturel breton au XXe siècle.
Henri Calindre, dit « Mystringue » (1907-1944), et Simone Morand (1914-2001), deux figures de la vie culturelle gallèse des années 1930 (archives Dastum)
Couvertures de diverses revues du mouvement gallo dans les années 1980 (Bibliothèque de Rennes Métropole)
Gilles Morin (au centre), président des Amis du parler gallo, avec d'autres militants dans une manifestation au début des années 1980 (archives Bertègn Galèzz)
12 mars, 14h30, archives départementales d'Ille-et-Vilaine
Assemblée générale
Manon LE GUENNEC, Les professeurs du Lycée de garçons de Rennes avant 1914
La période 1870-1914 est un moment d’importantes transformations dans le monde de l’enseignement. Création des boursiers de licence et d’agrégation, organisation de l’enseignement supérieur, création de l’enseignement secondaire féminin, redéfinition des différentes catégories de professeurs et de lycées modifient en profondeur la condition de professeur de lycée. Cette conférence s’attachera à étudier les conséquences de ces évolutions sur le corps professoral du lycée de Rennes.
Le lycée de Rennes (arch. mun. Rennes, 100FI34, vue 1)
Portrait de Joseph Bellec, professeur au lycée de Rennes de 1874 à 1881 (coll. Yvon Bellec)
Liste des professeurs du lycée de Rennes pour l’année 1883 (Annuaire d’Ille-et-Vilaine administratif, industriel et commercial de la Cour d’appel de Rennes et des tribunaux du ressort, Rennes, A. Leroy fils, 1883)
2 avril, sortie foraine à Saint-Lunaire
Michel OUTY, Saint-Lunaire, La Ville Revault, suivie de la visite de l'ancienne église
14 mai, 14h30 : musée des beaux-arts
Jacques CHEREL, Armelle MABON, Les tirailleurs « sénégalais » durant la 2e Guerre mondiale, du Fronstalag de Rennes au massacre de Thiaroye. Entre oubli et mensonge d’État, quelle histoire ?
À Rennes en 1940 s’ouvrait un des plus grands camps allemands de prisonniers indigènes de guerre en France. Lucienne Masson s’y est engagée comme marraine de guerre. Après la Libération, en novembre 1944, les tirailleurs africains sont renvoyés à Dakar. Rassemblés dans le camp de Thiaroye, après avoir réclamé le paiement de leurs soldes de captivité, ils ont été victimes d’un massacre camouflé en rébellion. Des survivants, dont Antoine Abibou, ami du filleul de Lucienne Masson, sont condamnés. Entre oubli et mensonge d’État, quelle histoire ?
Antoine Abibou (coll. part.)
4 juin, 14h30 : musée des beaux-arts
Aurélie REINBOLD, Paléoécologie des crises et essors : repenser la croissance médiévale sur les marges de Bretagne (Xe-XVIe siècle)
La palynologie (étude des pollens fossiles) révèle une image de l’environnement végétal passé. Les phénomènes observés témoignent, entre autres, de la présence et de l’intensité de l’activité humaine sur un territoire. De ce fait, ces phénomènes rendent compte de la conjoncture économique à travers l’enregistrement de phases d’emprise ou de déprise des activités agropastorales sur un même territoire. La palynologie offre ainsi une autre image de la croissance médiévale, complémentaire, parfois contradictoire, de celle des sources écrites. Elle permet aussi une étude de cette croissance dans une perspective large, du Xe au XVIe siècle, grâce à son approche diachronique. Les données polliniques rassemblées sur les marges nord-est du duché de Bretagne sont l’occasion de questionner la continuité les deux épisodes de croissance des Xe-XIIe siècles et des XIVe-XVIe siècles. Elles permettent de réfléchir à l’impact des crises du Moyen Âge tardif sur la croissance économique. Ces données offrent enfin une occasion de mieux cerner les origines de l’épisode de croissance qui caractérise le début de l’époque moderne.
Grains de pollen fossiles observés en microscopie
Un exemple de représentation des données polliniques : impact de la croissance médiévale sur l'environnement au début du Moyen Âge central dans le Coglais
8 octobre, 14h30 : musée des beaux-arts
Daniel LELOUP, Rennes une capitale en pan-de-bois
Après un bref rappel des sources iconographiques sur les origines de la construction en pan-de-bois à Rennes, la conférence s’attachera à retracer l’évolution des maisons du XVe siècle jusqu’à aujourd’hui.
Plusieurs aspects peu étudiés à ce jour, notamment le devenir de cette architecture après l’incendie de 1720 ou les conséquences de la Révolution française, seront abordés.
Enfin, les politiques de destructions systématiques du XXe siècle et la lente prise de conscience patrimoniale d’une architecture trop longtemps jugée « mineure » permettront d’expliquer l’ampleur de la tâche à accomplir pour sauver et transmettre un héritage en état de péril absolu il y a encore une vingtaine d’années.
12 novembre, 14h30 : musée des beaux-arts
Jacqueline SAINCLIVIER, Les années 1930 en Ille-et-Vilaine : crises sur tous les fronts ?
Pendant les années trente, les crises économique, politique (intérieure et internationale) ne cessent de s’enchevêtrer. La population du département est fortement touchée par la crise agricole favorisant le développement des comités de Défense Paysanne, mais aussi par celle du tourisme de luxe entraînant des faillites et une reconversion. La crise politique du 6 février 1934 se répercute directement dans le département du fait de la présence de Guy La Chambre dans le gouvernement contraint de démissionner et de l’implication de certaines organisations d’anciens combattants.
La formation du Front populaire, son action en 1936 apporte une embellie tant économique que sociale pour la population départementale, mais sur fond de crise internationale (guerre d’Espagne, agressivité de l’Allemagne nazie) qui assombrit l’avenir et angoisse la population en 1938-1939.
Paramé, le casino (fermé en 1934, détruit en 1937 ; coll. Musée de Bretagne)
Rennes, cinéma Le Français (ouvert en 1938 : coll. Musée de Bretagne)
10 décembre, 14h30 : musée des beaux-arts
Maurice GAUTIER, Philippe GUIGON, Gilles LEROUX, 30 ans d’archéologie aérienne en Haute-Bretagne
Longtemps réputées impropres à la détection aérienne, les contrées armoricaines en général, la Haute-Bretagne en particulier, s’inscrivent aujourd’hui parmi les plus prolifiques d’Europe grâce à plus de 30 ans de survols interrompus ayant permis l'invention de milliers de sites archéologiques. Les opérations de remembrement opérées dès la fin des années 50, qui ont entraîné de catastrophiques perturbations écologiques et sociologiques, autorisent cependant, par la destruction des paysages bocagers, des lectures aériennes ou satellitaires montrant leurs différentes étapes de formation et permettent de visualiser concrètement l'histoire des occupations humaines qui s'y sont succédé, parfois sur de très longues périodes.
Les sites les plus anciens découverts d'avion remontent au milieu du IIIe millénaire avant notre ère, ainsi le grand bâtiment du Néolithique final de Pléchâtel, le plus vaste d'Europe ! Si l'âge du Bronze est bien représenté, les vestiges les plus nombreux appartiennent à l'âge du Fer, avec des centaines d'établissements agricoles ou proto-industriels témoignant d'une occupation intense de ces territoires, dont la richesse exerça la convoitise de Rome : l'Antiquité se manifeste sous la forme de bâtiments en dur, villae ou fana, desservis par un réseau viaire remontant en réalité à une très lointaine Protohistoire. Le Moyen Âge, dans nos régions, ne se dévoile malheureusement pas aussi clairement que dans le Maine, où abondent des vestiges terroyés, probablement par suite d'une pression foncière ultérieure très importante en Haute-Bretagne, ce que corroborent les bouleversements paysagers modernes et contemporains.
Pléchâtel, La Hersonnais (cl. Gilles Leroux, 4 juin 1991)
Janzé, La Haute Haslerie (cl. Gilles Leroux, 9 juin 1997)
Saint-Just, Poubreuil (cl. Maurice Gautier, 18 juin 2004)