par Micheline Huvet-Martinet
mardi 26 novembre à 14h30
Archives départementales

Pourquoi s’intéresser à un produit devenu aussi banal que le sel, à l’écart de tout enjeu stratégique, inépuisable, largement disponible pour un prix si modique qu’il est jeté sur nos routes l’hiver ?
C’est que le sel fut autrefois un produit rare et recherché ; un produit mythique à haute valeur symbolique qui a joué un rôle économique et géopolitique dans les économies et les sociétés d’ancien type.
En quoi le sel, à l’origine de la fortune de Venise, concerne-t-il plus particulièrement la Bretagne et les Bretons ?

La présentation s’intéressera à différentes facettes des activités salicoles en Bretagne : sa production attestée par l’archéologie dès le néolithique, son transport, son commerce qui a participé largement au décollage économique et à la richesse du « siècle d’or » en intégrant le Duché dans l’économie de la première mondialisation. Après leur rattachement au royaume, les Bretons, rouliers des mers, lestent leurs navires de sel et approvisionnent la pêche à la morue dans l’Atlantique nord.
La défiscalisation du sel dans une Bretagne exemptée de gabelle sous l’ancien régime, crée les conditions d’une très active contrebande qui déstabilise les campagnes des marges orientales de la province.

Le déclin économique de la Bretagne, amorcé sous Louis XIV, s’accélère au 19è siècle et concerne aussi le sel, largement déclassé par la concurrence.  Les marais salants meurent lentement et sont menacés de disparition à la fin des années 1960. Ils sont alors sauvés par la mobilisation de paludiers de Guérande. Depuis 1996, le classement du site garantit la protection du territoire.

Actuellement, les salins, parfois patrimonialisés, jouent un rôle important dans la conservation des paysages et du littoral bretons.

Conférence associant la SAHIV et l'AMEBB (Amis du Musée de Bretagne et de l'Ecomusée de la Bintinais)